Une histoire de Poncé

 

D’après André Sevault, extrait de son livre « J’ai la mémoire bien heureuse » :

 

                                            La boucherie Bertre au début des années 30

 

   La boucherie tenue par Monsieur Bertre avait une bonne clientèle. Il avait son franc parler, et ne se gênait pas pour remettre en place les commères ayant la langue bien pendue qui osaient critiquer sa marchandise. C’était le cas de Clotilde dite la « Clote » bien connue de tout le monde pour ses critiques acerbes.

 

   Madame Bertre tenait la boutique tandis que son époux était la plupart du temps à l’abattoir ou à la charcuterie. Prévenant son épouse il lui dit un jour : « Quand la Clote se présentera, tu me préviens, c’est moi qui vais la servir… ». 

 

   Un jour où il y avait beaucoup de monde, la Clote arrive. Prévenu, Bertre vient à son tour et sans s’occuper de savoir qui devait être servi le premier, lui balance : « Tiens, viens par là ! Tu vois ce mouton ? Il est de première qualité ! Le veau avec une belle viande blanche là, n’a pas son pareil ! Quant au bœuf, sa viande est ferme, je l’ai achetée dans les pâtures du père Fules ! Et bien tout ça, il n’y en a pas pour ta gueule ».

 

 

   La Clote a déguerpi à toute vitesse, mais la semaine suivante elle était déjà revenue.